1°) La phénoménologie est un courant philosophique du début du XX siècle.
2°) Elle est apparue en réaction à l’omniprésence de la science moderne et au « psychologisme ». C’est à dire qu’elle a voulu préservé l’importance du vécu, de ce que chacun ressent et perçoit, « contre » la prétention des sciences « mathématiques » et de la psychologie de rendre compte de la « vérité » et de la totalité du réel et, notamment, de l’être humain.
3°) Elle permet de prendre comme « objet » le monde de la vie, ce que nous vivons et ressentons.
4°) Elle rappelle que le monde de la vie est la base, le fondement, de toute démarche scientifique. Elle rappelle donc qu’en médecine, le vécu des malades, que prend en compte l’homéopathie, est ce qui fonde et donne sa légitimité aux apports de la médecine moderne.
5°) Cela signifie que toutes les données de la biologie et de l’imagerie, pour très importantes qu’elles sont, n’enlèvent rien à l’importance fondamentale (au sens propre) et fondatrice du vécu des malades, donc, de l’importance et de la validité de la sémiologie homéopathique.
6°) Un des leitmotivs de la phénoménologie est « le retour aux choses mêmes ». Ceci signifie la nécessité de revenir au vécu ce qui, redisons-le, légitime complètement notre sémiologie.
7°) Un autre de ses leitmotivs est « la mise entre parenthèses de la science ». Ceci signifie, pour la médecine, pour l’homéopathie, qu’il est légitime et rigoureux de mettre entre parenthèses les données de la biologie, les enregistrements électriques (ECG, EMG, EEG etc.) et de l’imagerie médicale, pour se consacrer à la prise en compte du vécu du malade (ce que nous faisons avec les sensations, modalités, suite, etc.).
8°) La phénoménologie met en garde contre le risque de contestation de la science. Ceci signifie que ce n’est pas parce que l'homéopathie peut, légitimement, mettre en parenthèses les données de la science, que ces données sont fausses ou inutiles. Simplement, les données objectivées scientifiques n’invalident en rien le vécu qui garde toute son importance et sa légitimité.
9°) Trois approches du vivant, de l’être humain, sont donc légitimes. L’approche « scientifique », objectivante, de la biomédecine, celles de l’inconscient et l’approche phénoménologique de l’homéopathie.
10°) L’enjeu est de comprendre que ces trois approches sont, à la fois, complémentaires, antagonistes et concurrentes. Il faut souligner leur complémentarité, évidente, sans négliger qu’elles sont antagonistes au plan « explicatif » (par exemple, pour la biomédecine, l’asthme est une maladie inflammatoire des bronches, pour l'homéopathie l’enjeu est beaucoup plus global), et concurrentes, en pratique (vaut il mieux soigner telle pathologie par homéopathie ou biomédecine ?) et en théorie (ce qui nous ramène, par exemple, à la définition de la maladie la plus pertinente (asthme, maladie des bronches ou maladie globale ?). Il faut, ici, bien comprendre que l’antagonisme et la concurrence sont, en fait, au service de la complémentarité. Qu’elles devraient servir à délimiter les champs d’élection de chacune des trois approches.
Philippe Marchat
Mis en ligne septembre 2014
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