J’avais mis en ligne en 2010 un texte, que vous trouverez dans cette même section, sur la méthode de Rajan Sankaran.
Or, celui-ci a fait évoluer, ces deniers temps, sa pratique et a publié, en 2013, un petit livre dénommé "Synergy synopsis" dans lequel il présente cette évolution en quelques petites dizaines de pages (sans oublier, sens des affaires bien connu de notre confrère indien, de consacrer sept pages de publicité à ses livres antérieurs, cours, programmes informatiques à vendre et cours en ligne disponibles).
En fait, à bien y regarder, l'évolution en question témoigne, avant tout, des insuffisances et lacunes de sa méthode qu’il tente de « combler » par le rappel de la nécessite d’un retour aux sources.
La « synergy », c’est, ainsi, le rappel de la nécessité de conjoindre, pour plus de succès et de sureté, à "sa" méthode de la sensation vitale, la prise en compte du génie du remède (ses grands pôles d'action, ses affinités physiopathologiques, les pathologies les plus fréquentes auxquelles "répond" le remède) et les symptômes du malade (ce qui suppose de connaître sa matière médicale et de savoir se servir, correctement, d'un répertoire).
Autant dire que introduire l’idée de « synergy », c’est reconnaître que la méthode dite de la « sensation » ne permet pas, à elle seule, de bien prescrire dans la majorité des cas.
Mais c’est aussi reconnaître (ce n’est, bien sur, pas dit par Rajan Sankaran mais je l’avais souligné dès mon article 2010) que le classement par colonnes et lignes, notamment pour les remèdes végétaux, était voué à « l’engorgement », la pléthore et, surtout, à montrer son caractère artificiel et, osons le mot, faux. Car, répétons-le, pour les végétaux, cette classification frise l’absurde ? En effet, comment faire rentrer 40 ou 50 remèdes végétaux dans la même case et que cela ait un sens. Au début, quand je faisais cette remarque à quelques confrères « sankaraniens » francophones, il n’était pas rare qu’ils répondent que n’importe lequel des médicaments de la dite case marcherait !! Par où l’on voit où peut conduire le besoin de classification et de « croyance » de certains.
En rappelant la nécessite de faire converger (osons, de « contrôler ») la méthode de la sensation, le génie du remède et les symptômes du patient et, donc, la connaissance de la matière médicale, Rajan Sankaran prend donc acte, en fait, sinon en droit, des limites et imperfections de son apport.
On ne peut que se réjouir de cela qui évitera, peut être, la floraison récente de "petits maîtres" qui pensaient révolutionner l'homéopathie en faisant l'impasse sur ses bases les plus fondamentales. Cela rappelle, aussi, qu'en homéopathie comme dans toute discipline, avant de prétendre dépasser quoi que ce soit, il est bon d'avoir assimiler ce que deux siècles de pratique consciencieuse et compétente ont accumulé.
Pour autant, je voudrais rendre hommage à l’apport indéniable de Rajan Sankaran sur l’importance du langage corporel du patient, sur celle de l’amener à exprimer ce qu’il y a de plus singulier en lui, sur la nécessité d’être sans a priori et le plus « ouvert » possible pendant la consultation.
Avec l’idée de sensation, il a fait faire un pas, important, en avant à l’homéopathie, à notre sémiologie. Il aura, aussi, contribué à affiner notre capacité d’écoute et d’observation.
Enfin, il rappelle, désormais, à chacun, qu’il faut posséder avant tout, ce que lui même possède manifestement à un très haut degré (tellement qu’il en avait peut être « oublié » l’absence chez beaucoup de ceux qui le suivaient), avoir une très solide connaissance du génie des remèdes, de leur matière médicale et de l’utilisation du répertoire avant de prétendre pouvoir se servir, efficacement, d’une nouvelle approche, quelle qu’elle soit.
Philippe Marchat
Mis en ligne septembre 2014
|