C’est la conjonction de deux éléments qui m’ont amené à réfléchir sur la pertinence d’une terminologie que nous utilisons quotidiennement en tant que médecins homéopathes.
Nous expliquons régulièrement aux patients qu’une consultation au cabinet médical est indispensable pour personnaliser le traitement. Nous utilisons le mot personnaliser au lieu d’individualiser, à la différence de ce que l’on peut lire régulièrement dans la littérature homéopathique.
La lecture récente de l’ouvrage de Lacan « La relation d’objet » a fait écho cette pratique : la notion d’individu y est évoquée, et différenciée de la notion de sujet de par la prise en compte des relations intersubjectives (page 181).
Que soigne l’homéopathie, un individu ? Un sujet ? Une personne ?
QUELQUES DEFINITIONS
Pour le philosophe, ces trois termes ont des significations différentes.
Un individu est un être humain conçu comme étant unique, différent de tout autre être humain, situé en dehors de tout contexte relationnel, que ce soit la famille, le milieu du travail ou associatif, ou toute autre sorte de collectivité ou de groupe social.
La personne est un individu considéré dans ce contexte relationnel.
Le sujet, pour le philosophe, est un être individuel, supposé à la base de toute pensée (analogue à la conscience), face auquel le monde extérieur constitue un objet. Pour le psychanalyste, c’est un être humain, en tant qu’il est soumis à la loi symbolique, et contraint de passer par la parole pour établir sa vérité.
Notre pratique médicale ne peut pas ne pas tenir compte du contexte relationnel du patient. Nous assistons actuellement à une évolution des pathologies : elles étaient, il y a vingt ou trente ans, essentiellement en relation des problématiques familiales. Elles deviennent de plus en plus en rapport actuellement avec des problèmes sociaux, harcèlement moral au travail, conséquences de perte d’emploi en particulier.
Notre pratique homéopathique tient compte dans sa prescription de ce contact relationnel, qu’il soit familial ou social.
Le traitement homéopathique, dans ces conditions, ne peut être que personnalisé. Nous suggérons d’abandonner le terme d’individualisation, et de le remplacer par celui de personnalisation.
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